Les manchots (à ne pas confondre avec leurs cousins du pole nord, les pingouins) sont de gros oiseaux patauds qui passent le plus clair de leur temps debout dans le froid, serrés les uns contre les autres, en immenses colonies. Et qui, pour se déplacer, sont condamnés à se dandiner péniblement sur leurs courtes pattes en agitant leurs moignons d’ailes pour garder l’équilibre. C’est en tous cas l’image, plutôt tristounette, que nous en avons. En oubliant qu’ils sont aussi, à d’autres moments, de formidables nageurs. Dès qu’ils plongent pour se nourrir et nourrir leur progéniture, changement de décor complet. C’est avec une incroyable mélange de puissance et de grâce qu’ils évoluent dans les eaux glacées de l’antarctique, pour offrir le spectacle de somptueux et joyeux ballets aquatiques. Il semble même, comme le rappelle Fréderic Laloux° dans son
livre, qu’ils soient capables de parcourir plus de 2000 kilomètres en mer en dépensant l’équivalent d’un litre d’essence. Un rendement que n’atteint aucune machine humaine! Voilà une métaphore qui devrait interpeller tous les dirigeants et managers de grandes entreprises ou institutions. En leur rappelant qu’il dépend d’eux que leurs colonies de manchots, plutôt que de rester figées sur la banquise, aient la possibilité de nager à leur guise et donner la pleine mesure de leur potentiel. En les faisant évoluer dans des organisations qui les mettent « à l’eau »…
°Frédéric Laloux : Reinventing Organisations